VOYAGER TOUTE SEULE (#1)

Ciao ciao!

En mai dernier, je suis partie un petit peu à l’aventure et j’avais envie d’en parler. Je n’ai pas trouvé le temps de le faire avant, mais vaut mieux tard que jamais comme on dit, non? J’avais toujours eu envie d’expériencer un peu ce petit voyage en solitaire, car j’ai l’habitude de partir avec des amis à l’étranger. Pour faire court: je n’étais pas du tout prête, alors que j’en étais persuadée et j’ai retenu de cette fois-ci quelque chose de vraiment essentiel sur moi-même. Je trouvais ça pertinent de partager mon expérience, si certains tombent sur cet article en quête d’opinion quand au voyage de ce type. Alors, je ne suis pas partie au fin fond de l’Asie par moi-même, avec un petit sac à dos. Le temps viendra pour ça, mais je pense que personnellement, je dois faire les choses progressivement. Je vais ainsi vous parler de ma toute première fois.

Mon anxiété m’ayant un peu laissé de répi à cette période, j’étais de fort bonne humeur une de ces soirées de fin avril. J’écoutais de la musique italienne un peu vintage à fond en grignotant des chips, pour être honnête. En quête perpétuelle d’évasion, je me suis perdue sur le site d’EasyJet avec un but extrêmement précis en tête: trouver un vol qui allait me permettre ENFIN de visiter le village italien d’où mon grand-père paternel est originaire. Ce but me trottait depuis vraiment des années, mais je n’avais pas trouvé l’opportunité ni le temps pour l’atteindre (les études, toussa toussa). Là, j’étais carrément au summum de la détermination. J’allais aller là-bas, découvrir d’où je venais et rien ni personne ne pourrait m’en empêcher.

Je réserve ainsi mon vol aller/retour Vienne-Naples sans y réfléchir davantage. Sans réfléchir un seul instant à tous les autres petits préparatifs qui m’attendaient sournoisement cachés dans l’ombre de l’excitation. Pour faire simple, je me rendais à San Nicandro Garganico, sur la côte Est de l’Italie. Naples se situe sur la côte Ouest… J’allais donc devoir traverser l’Italie en large pour atteindre ma destination. Aucun problème, une semaine avant je réserve tous les billets de train qui me seront nécessaires, sur deux compagnies différentes. J’essaye de faire correspondre les heures de trains avec mes vols, je réserve deux hôtels dont un à Naples (mon vol était tôt le matin), bref les broutilles de voyage… et j’ai l’impression que mes tracas sont terminés.

 

Mon inexpérience me rattrape bien vite. Le jour J je file en direction de l’aéroport (très en retard) et manque de rater mon avion. Yes, ça commence trop bien. En plus, j’avais très peu dormi et j’étais assez fatiguée – vous imaginez mon état émotionnel en TENSION. Je grimpe dans l’avion et nous voilà partis pour environ deux heures de vol, qui se sont merveilleusement bien passées d’ailleurs. Après avoir testé quelques compagnies, EasyJet s’en sort très bien à mon avis. Enfin bref. Le ciel est très nuageux quand j’arrive à Naples. Je distingue la ville depuis l’avion et je m’angoisse un petit peu. Tout est si… marron??? J’avais un avis préfait de Naples, évidemment. Le sud de l’Italie, bon c’est pas l’endroit le plus riche mais Naples c’est connu et grand… ça vaaaa. Ummmmm….

 

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Le voyage commence véritablement lorsque je descends de l’avion, sors de l’aéroport et me retrouve juste devant, où tout un groupe de touristes s’apprête à embarquer dans un bus. Moi, je n’avais strictement aucune idée d’où je devais aller. Enfin, si: à la gare. Je dégaine mon portable et lance mon GPS à en direction de Napoli Centrale; 40min de marche, il fait bon, j’aime marcher, j’ai du temps avant mon premier train… Ma decision est PRISE. Ce fut un des trajets les plus angoissants de toute ma vie. Mon GPS est mon meilleur ami, vraiment, mais parfois j’aimerais qu’il puisse me conseiller des chemins plus sympa. Alors que je marchais à travers de petites rues et des parkings un peu effrayants, je finis par rejoindre une grande route extrêmement fréquentée avec genre… un passage piétons absolument invisible apparemment. Après VINGT minutes d’attente, je traverse la route en courant en priant pour ma vie. Je n’y reviendrai pas mais les italiens conduisent considérablement mal et dangereusement mais on va dire que chacun sa culture. GPS-kun me dit de revenir un peu sur mes pas et de tourner à droite, je m’exécute lorsqu’une voiture flambant neuve noire me coupe le chemin et se gare en FACE DE MOI. Je m’arrête et jette un regard interrogatif au conducteur qui me sourit et tapote le siège passager. Ni une ni deux, je souris en retour, contourne la voiture et ME METS A COURIR SI VITE que je ne sais pas encore comment mes poumons ont pu survivre.

Après cet événement, j’étais légèrement en panique, pour tout vous dire. J’appelle ma mère au téléphone et continue de marcher en suivant ma petite flèche bleue. Toujours ces quartiers pauvres aux rues minuscules, ces gens assis devant leurs maisons qui me regardent, ce linge pendu aux fenêtres, le bruit des couverts sortant des habitations ; j’étais perdue entre terreur et admiration. A la fois, je me sentais étrangère et à la fois j’étais émerveillée par cette Italie du sud typique et absolument unique. J’ai survécu, j’ai rejoint la gare, me suis calmée et ai mangé un petit peu.

J’ai embarqué dans mes trains sans emcombre et ai traversé l’Italie bercée par les paysages de la chaude campagne rassurante. Petite halte à Foggia, où je devais prendre mon dernier train. J’avais réservé sur internet et étais donc en possession d’e-billets… Ce qui ne convenait pas aux contrôleurs de cette compagnie. Mais ils étaient tellement mignons et adorables qu’ils m’ont laissé prendre mon train quand même après un peu de discussion – et honnêtement j’étais KO, ils ont du le voir sur mon visage.

La deuxième partie éprouvante du périple commença lorsque j’arrivai enfin à San Nicandro. La maison d’hôtes où je devais loger se situait à une heure à pieds de la gare, et vous me connaissez maintenant; j’aime marcher, bon sang. Fin de journée, agréable. On oublie la tentative de kidnapping et on s’élance à travers la campagne italienne. Alors là, la VRAIE campagne. Au milieu de touuus petits chemins de terre traversant des terrains vagues, de grands arbres verts où on entendait les insectes chanter. J’ai rencontré des chiens sauvages et il y avait beaucoup de chevaux dans les prés verdoyants. Tout ça a l’air bien beau mais ce fut l’heure la plus angoissante de toute ma vie. Une heure de marche dans la nature à suivre un GPS instable sur un portable à 15% c’est compliqué. Il allait être 20h, le ciel devenait sombre et j’étais toute seule au bord d’une route où on est pas sensé marcher à pieds, frôlée par des voitures qui roulaient BEAUCOUP trop vite… J’étais crevée, et terrifiée. J’ai cru que j’allais me faire renverser à chaque pas. J’ai appelé mon meilleur ami et ma mère, en crise de larmes mais! j’avais! plus! de! batterie! YES! L’angoisseeeee. Je n’avais qu’une seule idée en tête: CONTINUER. Continuer sans jamais m’arrêter. J’ai croisé quelques personnes en vélo qui m’ont adressé la parole, mais j’avais du mal à leur répondre tellement je n’étais pas mentalement stable (lol).

Quand j’ai aperçu la maison d’hôtes, mon coeur a fait un bond et j’ai presque courru… vous savez comme dans les films apocalyptiques où les héros trouvent le refuge contre les zombies après des jours d’errance dans la nature infestée. J’ai raconté mon périple à mon hôte qui m’a dit: « T’aurais dû m’appeler, je serais venue en voiture! ». J’ai poussé un long soupir et j’ai ri. Je n’avais pas voulu la déranger, mais avec le recul je ne regrette pas mon choix. Je suis allée au bout de ma décision nulle, et c’est important. Se sentir aussi étrangère et perdue dans un endroit totalement inconnu et sauvage fait ressortir une force intérieure que j’avais oublié avoir. Au final, je suis contente d’avoir eu si peur. Lorsque je marchais sur ce chemin, des tonnes et des tonnes de pensées me sont venues en tête; « est-ce que j’ai fait le mauvais choix? », « est-ce que je n’arriverai jamais à vaincre mon trouble anxieux? », « est-ce que cette peur, cette fragilité sont un frein à mes projets de voyage futur? », « comment vais-je trouver la force de vivre à l’étranger toute ma vie si je suis incapable de marcher une heure toute seule? », « qu’est-ce que je vaux? », « peut-être n’en ais-je jamais été capable… » blablablabla. J’ai remis toute ma vie en question.

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Et c’est ça que j’aime. Ca m’aide à mieux me cerner, mieux me comprendre. Ca m’apprend l’autonomie et la débrouille. Au fond, je sais que je m’en sors toujours mais vivre « le pire » aide à mieux appréhender l’avenir. Et ça s’est confirmé encore plus tard, lorsque j’ai visité San Nicandro. Je tenais à le faire vraiment toute seule, sans personne. Sans mon hôte pour me guider. Ce jour-là fut extrêmement spécial. Nous avons pris notre petit déjeuner dans un café sur une petite place toute mignonne, puis je suis allée harpenter un marché où beaucoup de personnes âgées faisaient leurs courses. C’était magique. Tous ces sons des vendeurs qui crient en italien sur les étales, les bruits des scooters, les odeurs des produits, le sol foulé par les habitants, le soleil qui nous réchauffe… une vraie merveille. Je me suis sentie sereine comme jamais je ne l’avais été. D’une certaine façon, c’était chez moi ici. J’ai retrouvé ma maison familiale, je me suis assise sur les marches devant et j’ai beaucoup, beaucoup réfléchi. Une partie de moi venait d’ici. Et ça peut sembler si bête et fragile mais… c’était tellement important. A ce moment-là, les choses avaient du sens. J’avais du sens.

J’ai passé cinq jours géniaux, immergée dans cet environnement où je ne parlais qu’italien. La barrière de la langue s’est fait sentir quelques fois, évidemment mais elle ne m’a pas empêchée de m’épanouir. J’ai vu des choses que seuls mes petits yeux ont vu, auxquelles seul mon petit coeur peut donner de l’importance et de la valeur. Je chéris ce lieu profondément. C’est comme une partie ombragée de mon âme qui s’est éclairée. Je me revois déambulant sur les pavés, dans cette petite boutique achetant ma carte postale, sur ce parapet admirant les collines, dans cette église bleue, achetant des bonbons dans une petite épicerie, mangeant cette délicieuse pizza dans ce mini restaurant, et prenant des photos en pensant à mon papa qui serait tombé amoureux de cet endroit. Car, oui, c’était aussi pour lui.

 

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Voyager toute seule, c’était éprouvant. Parfois, j’ai souhaité qu’il y ait quelqu’un sur qui je puisse m’appuyer, me poser et dire: « ok maintenant c’est toi qui organise, toi qui fait l’itinéraire, toi qui parle… » mais je savais également que je devais vivre cette aventure toute seule comme une grande. Et c’est avec plaisir que je recommencerai.

Le mot de la fin, même si c’est du bon sens:

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PARTIR EN ERASMUS+

Salut!

Aujourd’hui, j’ai passé mon dernier examen, ce qui clôture à la fois mon semestre et mon année d’Erasmus+. Je tenais à revenir un peu sur cette expérience, d’abord pour moi histoire de faire un point mais aussi pour potentiellement aider de futurs étudiants à se faire une petite idée! En effet, avant mon départ j’ai cherché à lire des témoignages, mais aucun ne correspondait à ma destination et ça m’a pas mal frustré. Je pense cependant que des points sont communs peu importe votre pays d’accueil, et je vais tenter de les aborder ici. Inutile de préciser – mais je le fais quand même, évidemment – que c’est un avis extrêmement personnel, et qu’il se peut que vous ne le partagiez pas ou que vous aillez eu une expérience totalement différente. Et ce n’est pas grave, bien au contraire.

En octobre 2017, j’ai donc eu l’opportunité de partir effectuer un séjour Erasmus « de dernière minute ». Je n’avais pas candidaté à la première session pour des raisons qui me sont propres, mais ayant changé d’avis j’ai finalement tenté le coup et ai été sélectionnée pour partir 5 mois (de février 2018 à juin 2018) en échange à Vienne, Autriche. Etant en L3 LLCER anglais, j’ai rejoint le module English and American Studies proposé par l’Universität Wien.

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POINTS PRATIQUES:

 

◊ Je me suis rendue en avion à Vienne, à plusieurs reprises. C’est assez abordable avec AirFrance et Austrian Airlines (~250€ aller/retour environ si on s’y prend assez tôt).

◊ En Erasmus, il vous faut choisir des cours dans votre université d’accueil qui correspondent plus ou moins à ce que vous auriez dû suivre en France. J’ai ainsi intégré deux cours de linguistique, deux cours d’études de genre, un cours de littérature, un cours de syntaxe française (oui, ahah) et un cours de sociologie pour un total de 30 ECTS. J’avais en moyenne 9h à 13h de cours par semaine, selon les semaines. Tous mes cours étaient en ANGLAIS, parce que le voulait ma filière.

◊ J’étais logée dans une sorte de résidence universitaire très moderne et bien équipée, que j’ai dû trouver moi-même. Cependant, je sais que parfois les facs aident au logement… Ça dépend. Uni Wien, non. Je vivais en collocation. J’avais ma propre chambre et partageais la cuisine et la salle de bain (avec une personne avec qui je suis vite devenue amie!) pour 405€/mois.

◊ Je suis boursière CROUS (~470€/mois) et ai touché l’allocation ERASMUS et l’Aide à la Mobilité Internationale du CROUS (400€/mois pdnt 4 mois). Je sais que certaines régions proposent des bourses en plus (comme le Nord-pas-de-Calais avec la bourse Mermoz), renseignez-vous!

◊ Mon université ne proposait pas de cours d’allemand pour les nouveaux arrivants, mais certaines fac le font. Sachez que c’est une possibilité, sinon il reste l’option de payer pour des cours en plus, ce que je n’ai pas fait.

◊ Vienne est bien distribuée en transports en communs (bus, métro, tram, trains, CityBike) et propose un pass semestriel (~75€)/annuel pour les étudiants. Il est très vite rentabilisé, croyez-moi…

Je ne sais pas quelle est votre expérience avec la fac en France, mais à Lille c’est pas tous les jours facile… Beaucoup de problèmes de communication, d’organisation. A Vienne, AUCUN. Tout s’est passé à merveille et je devais le souligner. Mes profs répondaient bien présents à tous mes emails et tous mes soucis, les cours étaient super complets et intéressants et ma coordinatrice Erasmus autrichienne une vraie crème.

Tout ça dit, « pourquoi que t’es partie en Autriche si tu veux apprendre l’anglais hein??????? » est une question, certes pertinente, que l’on m’a beaucoup posée. Etant déjà C2 en anglais, je ne voyais pas de raison de partir dans un pays anglophone. Je suis consciente d’avoir toujours des mots à apprendre, mais je suis assez satisfaite de mon niveau d’anglais actuel et je préférais rattraper mon retard sur feu mon B1 en allemand! J’ai ainsi bien réacquis toutes ces bases pendant 4 mois, et je suis de nouveau prête à progresser. Etre trilingue, voire plus est un vrai objectif pour moi, et ce choix de destination allait dans ce sens.

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LA VIE A VIENNE

Pour mon petit budget d’étudiante boursière, je me suis bien débrouillée dans la capitale autrichienne sans me priver. Je n’ai pas trouvé la vie plus chère qu’en France, du tout. Je suis très mauvaise quand on en vient à discuter précisément des sujets monétaires car les maths, ce n’est pas mon fort du tout… mais ce que je retiens c’est que j’ai réussi à faire quelques économies, à voyager et à subvenir à mes besoins sans aucun problème.

Vienne est une ville extrêmement vegan friendly, et ça, c’est un atout charme incontestable pour mon petit coeur de vegan. Il existe des alternatives vegan pratiquement partout, beaucoup de choix et de produits en magasin, des cosmétiques accessibles en grandes surfaces… Il y a même un festival vegan! Dans le nord de la France, c’est assez différent et je n’étais pas trop habituée à tout ça donc très bonne surprise! Et encore une fois, sans se ruiner.

La culture est partout, à Vienne et je crois que c’est une de mes choses préférées. Il y a TANT de musées à voir, tant de lieux historiques, tant d’expo et de vieux bâtiments… Les arrondissements sont tous différents et on tous leur petite ambiance mais ceux les plus proches du centre-ville offrent une architecture dont on ne se lasse jamais. J’avais l’impression d’être dans un film tout le temps. Ce que j’ai noté, également, c’est les nombreux parcs et places installés en ville. Ainsi, l’atmosphère n’est jamais oppressante. Il n’y a pas vraiment de petite rue sombre, ni de grands boulevards à la circulation très dense et polluée. C’est incroyablement agréable à vivre!

Les Viennois sont des gens simples, qui ne se préoccupent pas des autres mais dans le bon sens. Jamais je ne me suis sentie jugée dans les transports, jamais on ne m’a embêtée dans la rue, jamais je n’ai reçu de remarques déplacées. Cela arrive sûrement, mais je ne l’ai pas vécu alors qu’en France… rien ne semblait empêcher les gens d’émettre des commentaires à mon sujet ou de me dévisager dans le métro. J’en ai discuté avec d’autres personnes en échange, et elles me disaient la même chose. Ce n’est donc pas uniquement mon impression! J’ai eu quelques mauvaises expériences avec les vendeurs/serveurs viennois, par contre (h/f). Ils se fichent totalement des clients. Le service « humain » n’est clairement pas leur priorité. Ils doivent en avoir marre des touristes, peut-être… En tous cas, c’est désagréable de se voir manquer de respect sans raison. Cela dit, je dois leur reconnaître leur patience sur un fait: à AUCUN moment ils ne m’ont jugée pour mon accent allemand. Ils devaient sentir que je n’étais pas autrichienne et que j’avais des difficultés dans la langue, mais ils ne me répondaient pas en anglais si je ne le faisais pas d’abord. J’ai trouvé ça extrêmement encourageant dans mon apprentissage. Merci les gars.

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ET EMOTIONNELEMENT, COMMENT ON LE VIT?

Partir en Erasmus, c’est forcément quitter sa famille et ses repères. Parfois, cela peut être une étape difficile voire un frein pour certaines personnes. Je pense que la destination joue aussi; partir en Erasmus en Angleterre ou en Espagne ce n’est pas comme partir en échange au Japon ou aux Etats-Unis dans le sens où on ne peut pas rentrer complètement comme on veut.

Personnellement, je l’ai très bien vécu. Je suis du genre à partir un peu partout sans réfléchir, à ne pas faire attention à mes attaches et à me focaliser sur ce que l’expérience va m’apporter. J’avais déjà quitté ma région natale pour m’installer à Lille, donc je ne vivais plus avec mes parents depuis déjà quatre ans. J’avais déjà acquis une forme d’indépendance et de débrouillardise comme on dit! Néanmoins, VIVRE dans un pays où on ne parle pas la langue couramment et où on ne connait personne peut s’avérer compliqué.

C’est bête à dire mais avec la fac, des séances d’orientation et de rencontres entre étudiants seront organisées. ALLEZ-Y. Même si vous êtes tout timide, même si vous ne rencontrez personne le premier jour, allez-y. Je suis la fille la plus timide de la Terre, et des gens sont venus me voir, ce qui a rendu les choses plus simples pour moi! Faites-vous deux trois connaissances pour le début de votre aventure. Ces gens seront aussi perdus que vous, et recherchent aussi une forme d’entraide pour les formalités administratives et scolaires. Au fil de vos cours, vous allez également avoir l’opportunité de croiser des gens. La fac de Vienne a un système de « buddy » où des étudiants présents, autrichiens s’occupent des Erasmus. Beaucoup de réseaux d’étudiants seront là pour vous aider et vous intégrer, vous ne serez pas seul très longtemps.

Prenez des cours de langue, ou rejoignez des tandem où des étudiants échangent des connaissances linguistiques, ce sera d’autant plus rassurant. N’ayez pas peur de demander des conseils et de l’aide. Si vous partez dans une grande ville, l’anglais sera toujours un moyen de communication efficace.

Occupez-vous. Occupez-vous le plus possible – et pas uniquement scolairement! Visitez des choses, participez aux événements de la ville (je me souviens être allée à la patinoire à ciel ouvert dès mon arrivée et à un festival de vélo… juste pour me divertir). Remplissez votre coeur et votre cerveau de belles images et d’expériences. C’est niais mais ça aidera à combler le vide et le manque de votre pays natal. Il y aura bien sûr des jours « sans », des jours où vous aurez envie de rentrer et de caresser votre petit chat mais ces moments ne seront pas vains. Ils instaurent une sorte d’équilibre malgré nous…

Une routine s’installe si vite! Voyagez, profitez d’être ailleurs pour voir de nouvelles villes voire des pays voisins (je suis allée en Slovaquie et en Italie, notamment), mangez tout plein de nouvelles choses!

LES DESILLUSIONS?

Avant de partir, des amis et moi avions lu des articles sur les séjours Erasmus, et très vite nous est apparu le « cliché Erasmus »; ces étudiants qui partent à l’étranger pour faire la fête, sortir en boîte, se faire des tonnes d’amis, vivre dans une ville folle et profiter d’une année hors du temps et des habitudes. Je n’étais pas partie avec cette attente, je n’ai donc pas ressenti de déception. J’ai eu ce que j’attendais de mon séjour Erasmus: découvrir un nouveau pays, approfondir mes connaissances linguistiques et voyager. Je pense honnêtement que votre expérience sera ce que vous en faites. J’ai eu l’opportunité de sortir, je ne l’ai pas saisie. J’ai rencontré des gens mais je savais qu’ils n’allaient pas devenir mes amis pour la vie. Ne vous conformez pas aux attentes de ce statut « d’étudiant Erasmus ». Vivez ce que vous voulez. Ne faites pas ce que vous ne voulez pas faire, amusez-vous à votre façon. Restez vous-mêmes si vous le souhaitez, tentez de nouvelles choses si elles vous intéressent mais en aucun cas vous ne devez vous forcer pour prétendre à cette réussite Erasmus que propagent les réseaux sociaux.

Si jamais vous vous sentez mal, parlez-en. A la fac, il y aura toujours quelqu’un pour vous écouter, vous étudiant Erasmus. J’ai trouvé qu’un encadrement était notamment dirigé pour ce genre d’étudiants, à Vienne. Et c’est bien. Parlez-en à votre famille et vos amis si vous le pouvez. N’ayez pas honte, ou de regrets à évoquer votre mal-être. Déménager loin des siens, c’est une GRANDE aventure et si c’est votre première fois, c’est normal qu’elle soit difficile. L’adaptation prend du temps. Vous faites de votre mieux, sachez-le! Je sais de quoi je parle, parce que je suis partie en Erasmus en étant dépressive, et j’ai un trouble anxieux très méchant. Ca n’a pas été facile tous les jours, vraiment pas, mais vous n’êtes jamais vraiment seuls. D’autres vivent la même chose et à défaut de pouvoir vous aider, peut-être peuvent-il vous comprendre.

LA CLAQUE DU RETOUR.

Je suis restée à Vienne 4 mois et demi, et très vite j’ai senti qu’il me fallait prolonger cette expérience au risque de retomber dans une tristesse à la française. J’ai personnellement pris la décision de devenir fille au-pair en septembre car c’est une période idéale dans ma vie. A l’heure où j’écris ceci, je suis rentrée chez mes parents et savoir que je repars dans un mois est d’un grand soutien. Il y a un choc du retour, comme il y a eu une forme de choc à l’arrivée. Tout simplement car une routine s’efface pour laisser place à une autre. Une autre qu’on connait déjà.

Ce qui m’a frappé quand je suis rentrée en France, c’est cette impression que rien n’avait changé. Tout était exactement comme avant, comme figé dans un écrin temporel. J’ai eu le sentiment d’avoir vécu tant de choses hors de cette bulle, tant de choses qui n’avaient eu aucun impact sur mon cocon de base. Mes parents mènent la même vie, les habitudes de la maison sont les mêmes, mes amis en France vivent leur quotidien et quand on demande « quoi de neuf? » on vous répond « bah, rien, comme d’hab quoi… ».

Et c’est précisément ceci qui me pousse à toujours repartir. Rester ici, c’est comme perdre mon temps à ne rien faire. Quand je reviendrai, je n’aurai rien raté. Et… être témoin de cette stagnation m’a d’abord beaucoup attristée. J’ai repris ma vie d’avant, bien que de temps en temps des souvenirs d’Erasmus me reviennent ou qu’un de mes amis autrichiens m’envoie un message… C’est comme s’il s’agissait d’une autre vie, c’est très étrange. Comme si les deux mondes ne pouvaient pas se mélanger et je comprends totalement qu’il soit immensément compliqué de concilier les deux quand on a pas pour projet d’y retourner.

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ENFIN...

A mes yeux, la chose qui rend l’expérience difficile au départ et au retour c’est l’encrage. L’encrage dans le pays d’origine et dans le pays d’accueil. Je n’ai pas cet encrage si important en France, partir n’est ainsi pas si difficile à vivre pour moi. Et j’ai tellement d’autres projets de pays à venir que je sais que quitter l’Autriche plus tard sera un moindre déchirement si je continue de construire des projets après (le JAPON!). On est tous différents, on vivra tous les choses d’une manière qui nous sera très propre et personne ne pourra jamais vous dire comment ça se passera exactement. Mais je pense que c’est une expérience à tenter, à vivre. Pas forcément en Erasmus, simplement vivre à l’étranger quelques temps, quand vous serez prêt.

J’ai tellement évolué en quelques mois. Je suis restée moi-même dans le sens où je ne me suis pas forcée à faire ce que je n’aime pas (comme sortir en boîte, ou boire), mais j’ai appris énormément sur moi-même. Je sais davantage gérer des situations dans lesquelles j’aurais paniqué avant, j’ai beaucoup plus confiance en moi et j’approche d’objectifs que je me suis fixé il y a si longtemps. J’ai voyagé seule, pour la première fois de ma vie durant ces mois – et je vous en reparlerai certainement! – ce qui m’a profondément bouleversée. J’ai l’impression que je viens juste de commencer à vivre, en fait, c’est très bizarre. La France n’a jamais été un pays où je me sens « chez moi » (bien que j’y sois née et y ai vécu toute ma vie), et avoir la chance d’essayer d’autres lieux me remplie de joie.

En tous cas, je suis impatiente de retourner à Vienne et de commencer mon expérience de jeune fille au-pair, d’apprendre l’allemand sérieusement et de grandir encore.


Si vous avez des questions, je vous en prie. J’y répondrai et pourrai améliorer cet article!

Prennez soin de vous, conduisez avec prudence et buvez car il fait très chaud.

– I.F.F.